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4 mai 2024 6 04 /05 /mai /2024 17:43
JACKY TERRASSON     MOVING ON

 

JACKY TERRASSON    MOVING ON

Label Earth Sounds- DistributionNaïve-Believe

 

Sortie du CD le 19 avril

Concerts à venir à Marseille à la Caverne à Jazz le 17 Mai et à Paris au Bal Blomet le 07 Juin

 

Moving On Jacky Terrasson

 

On ne présente plus le pianiste franco-américain Jacky Terrasson qui a commencé sa carrière il y a suffisamment longtemps pour que, sans être encore un grand ancien, il ne soit plus un jeune moderne. Mais son dernier album au titre tout indiqué Moving on sort sur le label qu’il vient de créer, Earth Sounds.

Change t-il vraiment de direction avec ce nouvel opus? S’il raconte sa musique et donc sa vie après plus de trente années, c’est qu’il ressent moins la nécessité de déployer toute sa virtuosité, de jouer beaucoup de notes. Il s’entoure d’une équipe de haut vol avec de nombreux guests, car il connaît beaucoup de pointures dans le monde du jazz. Avec qui n’a t-il pas joué dans sa longue carrière entre France et Etats Unis depuis ses débuts? Avec gourmandise, il choisit de faire apparaître diverses orientations à partir de ses deux trios de base, l’un français (Sylvain Romano et Lukmil Perez), l’autre américain (Kenny Davis, Alvester Garnett) enregistrés à Pompignan (entre Nîmes et Montpellier, chez Philippe Gaillot) et à New York.

Mais il tient le fil de son programme jusqu’au bout avec cohérence. Il est ce mélodiste qui soigne thèmes et arrangements privilégiant la clarté sans rechercher d’inutiles difficultés, privilégiant cette joyeuse énergie qu’il partage avec ses complices dont certains sont des fidèles de longue date. Les musiciens rentrent ainsi dans une danse qu’ils mèneront alternativement sans que les parties ne diffèrent de trop, Jacky Terrasson étant l’élément unificateur de l’ensemble. Le pianiste se fait plaisir en invitant deux batteurs américains en plus de ceux des deux trios! Il fait le choix de tous les possibles : Kenny Davis et Billy Hart aux cymbales font une choréographie qui swingue de ce “Misty” où le pianiste fait cascader les notes. Jouer du bon vieux jazz, comme on sait le faire là bas!  Kenny Davis et Eric Harland constituent une autre des rythmiques américaines possibles sur la composition qui a donné son titre au disque, ce Moving on qui déménage et pourrait bien devenir un tube!

Le répertoire équilibré est composé de quinze titres dont seulement trois originaux et de nombreuses reprises fort bien construites. Une réussite ouvre d’ailleurs l’album, cette version très originale de “Besame mucho” sur un tempo étiré bien plus que ralenti qui file vers des accords classiques et ferait presqu’oublier la mélodie si souvent ressassée.

Quand on vous disait des invités de choix, "Est ce que tu me suis?” fait appel à  la formidable Camille Bertault qui pose ses mots sur la mélodie pleine de chausse-trappes que lui a concoctée le pianiste. Il racontait qu’il avait d’abord pensé à faire un unisson avec son vieux camarade bassiste Sylvain Romano d’où le premier titre “Si le vin est bon” mais très vite s’imposa l’idée de Camille, elle seule pouvant arriver à chanter ainsi, funambule du son et poète du verbe, aux hardiesses vocales d’une musicienne accomplie. Elle sait composer des textes tissés dans son vécu, emballés avec style, des mots qui sonnent juste. 

Moving on est un album à la palette sonore élargie à un groove continu et des choeurs féminins : une deuxième chanteuse Kareen Guiock Thuram se joint à Camille Bertault sur le solaire “Happy” de Pharrell Williams où domine l’harmoniciste Grégoire Maret.  Ainsi chaque pièce a sa petite histoire : c’est le batteur Alvester Garnett, rencontré du temps où ils accompagnaient la chanteuse Betty Carter qui rythme le virevoltant “AF 006”, vol souvent pris entre Paris et New York que l’on suit de son décollage intrépide à ses accélérations saccadées et ses turbulences. On entendra encore un “Solar” et surtout un “I Will Wait For You” qui dynamitent complètement le tube de Michel Legrand, des Parapluies. Quant il ne part pas dans une interprétation enflammée, de son toucher sûr et souple, Jacky Terrasson peut basculer vers plus de douceur comme dans ce “Love Light” fin et nuancé, un thème où s’épanouissent mélodie, harmonie et rythme dans une forme courte conjuguées.

Avec une identité et  un style propre à présent bien affirmés, le pianiste a réussi ce nouvel album qui n’échappe pas à l’idée d’un mouvement et d’une intensité permanentes. Où liberté et rigueur se rejoignent dans la quête de ces moments où fusionnent la chaleur brillante du piano et le soutien immuable de rythmiques légères. Un pétulant enchaînement qui ne manque pas de substance.

Hautement recommandé en ces temps troublés.

 

Sophie Chambon

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4 mai 2024 6 04 /05 /mai /2024 11:55

Fred Hersch, piano solo

Lugano (Suisse), mai 2023

ECM 2799 / Universal Music


 

Enregistré dans l’auditorium Stelio Molo de la RSI (radio suisse italienne), cette musique respire l’esprit du lieu. C’est une salle tout en bois, d’une acoustique exceptionnelle (depuis quelques années ECM y fait pas mal d’enregistrements). J’ai eu, voici bien des années, le plaisir d’y assister à un concert, et j’en conserve un souvenir ému. Fred Hersch est habité par l’acoustique exceptionnelle de cette salle, et la musique semble surgir des profondeurs de l’âme, entre l’inspiration, l’écoute, la jouissance du son, et l’ivresse du risque qu’il peut y avoir à se livrer avec une telle générosité. Quatre standards, choisis pour leur riche inspiration : par exemple Star-Crossed Lovers, inspiré par Roméo et Juliette et composé par Billy Strayhorn pour la suite Such Sweet Thunder d’Ellington, qui parcourait l’univers de Shakespeare avec passion. Plutôt que le pathos insufflé par Johnny Hodges dans la version de référence, c’est ici un cheminement diaphane, où l’émotion surgit d’une certaine retenue plutôt que d’une surenchère d’expressivité. La version de Softly As In A Morning Sunrise, par son délicat balancement, suscite tout un monde où le jazz se reconnaît, et où les deux mains dialoguent avec une clarté qui nous ferait presque oublier combien le langage est sophistiqué. Le disque comporte une majorité de compostions originales, hardies et profondes, pour nous rappeler que l’Art mérite, chez l’artiste comme chez l’auditeur, une attention qui touche à l’abandon. Et aussi, toujours de la plume du pianiste, Little Song, une petite chanson qui me fait brièvement penser à Keith Jarrett pour l’album «Facing You» (que j’adore), en 1972 pour ce même label. À l’époque Jarrett avait 27 ans. La différence c’est que Fred Hersch enregistre ce disque alors qu’il va avoir 68 ans, et le développement du thème porte trace du parcours d’une vie. Tout le disque d’ailleurs respire ce mélange de gravité et de sérénité qui sied à l’artiste façonné par les émotions et les épreuves. Sans détailler plus avant toutes les plages, je dirai simplement que ce premier disque en solo de Fred Hersch pour ECM (après 7 ou 8 autres pour d’autres labels) est une merveille. Tout simplement….

Xavier Prévost

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Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=BW9weCBLJMY

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Fred Hersch sera en duo avec le trompettiste Avishai Cohen le 6 mai à Nantes, salle Paul Fort (saison du Pannonica) ; et le 8 mai à Coutances (Jazz sous les pommiers)

Et en solo à Paris le 18 mai (Jazz à Saint-Germains-des-Prés)

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2 mai 2024 4 02 /05 /mai /2024 18:05

Régis Huby (violon ténor électro-acoustique, électronique), Manu Codjia (guitare électrique), Hélène Labarrrière (contrebasse), Christophe Marguet (batterie, composition)

Amiens, octobre 2023

Mélodie en sous-sol MESS 004 / l’autre distribution

Un nouveau groupe, et une première pour le batteur compositeur : cette fois ni sax ni trompette, mais un violon, singulier : celui de Régis Huby, côtoyé par le batteur dans divers groupes. La contrebassiste et le guitariste avaient participé à de précédents disques de Christophe Marguet, lequel dans le très bon texte du livret, nous éclaire sur la genèse des groupes et des disques, et des projets esthétiques qui les fondent Très éclairant, d’autant que le résultat est à la hauteur de l’ambition affichée : cohérence et richesse de la musique, et construction de l’album comme un objet artistique doté de sa dramaturgie propre. Dans cette musique architecturée sur un forte pulsation (mais que la batterie, très présente, n’envahit pas), beaucoup d’univers musicaux se croisent, du jazz sous toutes ses latitudes au rock, progressif ou pas, au tango (sérieusement revisité), voire à la musique celtique. Une énergie folle, enrobée de finesse et de nuances. Du grand art, et des solistes exceptionnels

Xavier Prévost

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Le groupe sera en concert le 16 mai à Nevers, au Café Charbon, et le 23 mai au Triton, près de la Mairie des Lilas

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Des avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?app=desktop&v=uNCykjpn7Es

https://www.youtube.com/watch?v=MVFxse0IKE0


 

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28 avril 2024 7 28 /04 /avril /2024 22:35

 

Mal Waldron (piano), Steve Lacy (saxophone soprano), Reggie Workman (contrebasse), Andrew Cyrille (batterie)

Anvers, Centre d’Art De Singel, 30 septembre 1995

Elemental Music 5990546 (2 LP ou 2 CD) / Distrijazz


 

Un inédit, capté en concert à Anvers. Le premier disque qui rassembla le pianiste et le saxophoniste date de 1958. C’était un quartette sous le nom de Lacy, avec Buell Neidlinger et Elvin Jones (Steve Lacy ‘Plays Thelonious Monk -Reflections’, label New Jazz). Il se sont retrouvés régulièrement sous le nom de l’un ou de l’autre, et dans différentes configurations, à partir des années 70. J’ai le souvenir de les avoir écoutés ensemble en club à Paris au début des années 80, et ils se sont dès cette époque beaucoup produits en duo, en Europe, au Japon.... Le précédent duo publié datait de 1994, en studio à Milan.

La musique, captée sur le vif du concert, est l’exact reflet de ce qu’ils étaient, et portaient dans leur art : singularité, exigence artistique et musicale, liberté farouche. Au répertoire de ce double disque, des compositions de l’un et de l’autre, et un thème de Reggie Workman, avec aussi, bien évidemment, deux thèmes de Monk, le singulier suprême ! Quand commence Monk’s Dream, on se rend comte que le piano n’est pas très bien accordé, comme c’était le cas au Five Spot de New York pour Monk en 1958, Randy Weston en 1959, ou Mal Waldron accompagnant Eric Dolphy dans ce même club en 1961…. Mais quelle importance au fond : la musique est là, très intense, et très libre. Une musique qui fait la part belle à leurs deux partenaires, en solistes, comme dans de fiévreux dialogues. Dans le copieux livret, une foule de commentaires et de témoignages d’artistes (Andrew Cyrille, Reggie Workman, Jane Bunnett, David Virelles, Dave Liebman, Vijay Iyer, Evan Parker...) et de proches, font revivre ces grands figures en cernant au plus près ce que Lacy et Wadron avaient de tellement important, de si particulier, bref tout ce qui les rendait artistiquement puissants (ce que suggère le titre ; quant à moi je dirais plutôt féconds). En ces temps où le labels exhument beaucoup d’inédits parfois peu essentiels, c’est un réel bonheur de voir surgir ce témoignage exceptionnel.

Xavier Prévost

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23 avril 2024 2 23 /04 /avril /2024 22:01

Hélène Duret (clarinette, clarinette basse, voix), Benjamin Sauzereau (guitare), Maxime Rouayroux (batterie)

Budapest, 26-28 août 2023

BMC CD 339 / Socadisc

 

Enregistré à Budapest, le disque succède à un album (‘Boîte noire’, sous le label bruxellois ~suite), et à une série de titres publiés via Tricollectif. Le centre de gravité de ces artistes de France s’est déplacé vers Bruxelles, mais leur musique évolue dans des lieux très différents, là où le jazz, l’improvisation, ou la musique de chambre, croiseraient la musique des grands espaces états-uniens, ou les courants répétitifs. Inclassable donc, et c’est tant mieux. Qu’est-ce alors que cette procession d’objets musicaux sans étiquettes(s) : un ballet de pas de côtés, dont l’unité serai l’expressivité, le goût des timbres pulpeux (les clarinettes), des lignes claires, des arpèges et des syncopes (la guitare), des accents rythmiques hors norme (la batterie). Avec pour constante le plaisir de la mélodie : des mélodies qui ondulent, bifurquent et s’épanouissent au gré des phrases. Il y a aussi des turbulences, des orages, et de soudaines accalmies. En d’autres termes c’est éminemment vivant, dans le présent immédiat de la vie comme dans les souvenirs de musiques qui constituent chaque artiste, et au-delà peuplent notre mémoire collective de mélomanes. On se laisse emporter dans cette excursion sans œillères, dans cet univers de pure gourmandise musicale aux multiples ressources. On s’abandonne au plaisir de la musique.

Xavier Prévost

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Le trio est au Périscope de Lyon le mercredi 24 avril, à Paris au Studio de l’Ermitage le 25, et en Belgique, à Gand (Bijloke Music Club), le 26

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Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=HGtlYydKj-w

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12 avril 2024 5 12 /04 /avril /2024 14:32

 

Jacky Molard (violon, compositions), François Corneloup (saxophone baryton, compositions), Catherine Delaunay (clarinette), Vincent Courtois (violoncelle)

Plouguiel (Côtes d’Armor), date non précisée

émouvance emv 1049 / Absilone -Socadisc


 

J’avais pour la première fois écouté ce groupe au festival de Trois Palis (Charente) alors qu’il n’avait donné que quelques concerts. Dès l’abord j’avais été impressionné par cette musique nourrie des parcours individuels de ses protagonistes, tout en affichant un tropisme celtique ; j’y entends la Bretagne comme l’Irlande, mais aussi le jazz, les musiques balkaniques,et peut-être aussi un certain courant répétitif…. Bref une foule de composantes sublimées par la pertinence de la combinaison instrumentale et humaine. Les deux co-leaders / compositeurs ont su trouver les personnalités musicales parfaitement idoines : instrumentistes hors pair, orfèvres de l’improvisation, Catherine Delaunay et Vincent Courtois étaient les personnes qu’il fallait pour faire de ce mélange musical aventureux une véritable œuvre d’art. Délibérément inclassable, cette musique nous rappelle l’évidence de ce que permet le jazz, et les musiques qui le jouxtent. Et le texte du livret, signé Jean Rochard, nous accompagne éloquemment dans ce voyage entre des mondes connus…. ou inconnus.

Xavier Prévost

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En concert le 16 avril à Paris au 19 Paul Fort. Réservations indispensables à : helenaziza@19paulfort.com

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Un avant-ouïr sur Youtube

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3 avril 2024 3 03 /04 /avril /2024 09:13


avec : Alice Coltrane (harpe, piano, percussions), Pharoah Sanders (Saxophone ténor et soprano, flute, percussions), Archie Shepp (saxophone ténor et soprano, percussions), Cecil McBee et Jimmy Garrison (contrebasse), Ed Blackwell et Clifford Jarvis (batterie), Tulsi (tambourin), Kumar Kramer (harmonium).
Enregistrement du 21 février 1971 à New-York.
Impulse-Universal Music. 2 cds.
Paru en mars 2024.

 

     Voici enfin une version officielle d’un concert donné en février 1971 par Alice Coltrane au Carnegie Hall de New York lors d’une soirée organisée au bénéfice d’un institut de yoga et de son fondateur, le guru indien natif du Tamil Nadu Swami Satchidananda.


Shiva-Loka

     Une initiative des enfants Coltrane (Ravi et Michelle) qui ont décidé de publier ce concert dont il ne restait qu’une copie conservée par la maison de disques Impulse, les deux masters originaux ayant été égarés. Impulse avait jugé à l’époque trop peu commercial cet enregistrement de 80 minutes qui comprend des compositions d’Alice Coltrane inspirées par la philosophie indienne et deux titres de son défunt mari John (1926-1967), Leo et Africa (versions respectivement 21 et 28 minutes).


Africa

     Les musiciens présents sur scène ce soir-là ont baigné dans la culture musicale du saxophoniste, que ce soit Archie Shepp, Pharoah Sanders ou encore Jimmy Garrison. La formation emprunte un format qui plaisait à Ornette Coleman, deux batteurs, deux bassistes et la touche « exotique » est apportée par l’harmonium et le tambourin.

 

      A la barre de ce groupe inédit, Alice Coltrane (1937-2007) alterne le piano, la harpe et les percussions. « Elle nous laissait une grande liberté », se souvient aujourd’hui Cecil McBee (88 ans) qui évoque (dans El Pais) une personnalité « très calme ».  


Journey In Satchidananda


     Le résultat se révèle à la fois méditatif et incandescent. Un double album qui constitue à la fois un hommage à John Coltrane et une illustration d’une époque où la spiritualité indienne influença nombre de musiciens (les Beatles en premier lieu mais aussi John McLaughlin).

 

     Alice Coltrane enregistrera la même année 1971  « Universal Consciousness » (Impulse) où elle joue également de l’orgue et donne sa version d’un « tube » , ‘Hare Krishna’. Quelque temps après, la veuve de John Coltrane (épousé en 1965) troquera son nom pour Swamini Turiyasangitananda ou tout simplement Turiya. Un parcours spirituel qui avait débuté par un voyage de cinq semaines fin 1970 dans le sous-continent indien et qui trouve sa forte expression dans cet enregistrement au Carnegie Hall qui nous parvient 53 ans après ... un sommet de la spiritualité.

 

Jean-Louis Lemarchand.

 

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29 mars 2024 5 29 /03 /mars /2024 13:55

Un premier album en leader pour Eduardo FARIAS et son Trio, « PERSPECTIVES* », avec :

     Eduardo Farias (piano),
     Darryl Hall (contrebasse),
     Greg Hutchinson (batterie),
     Baptiste Herbin (saxophones, sur 3 titres).

*Space Time Records – BG 2454 / Socadisc.
Disponible à partir du 12 avril.

     On avait déjà remarqué ce jeune pianiste carioca aux côtés du saxophoniste Baptiste Herbin -dans ses albums "Dreams & Connections", 2018, et "Vista Chinesa", 2020- et qui mène au Brésil une carrière conséquente d'arrangeur (il apparait déjà dans une trentaine d'albums).

 

      « Je suis né à Rio. J'ai étudié la musique avec Lilian Bissagio puis suivi des cours de composition avec Antônio Guerreiro. Mes premiers modèles pianistiques sont brésiliens : César Camargo Mariano, Hermeto Pascoal, Egberto Gismonti ou encore Luiz Avellar ... Par la suite, j'ai dévoré bien des albums de jazz, notamment ceux de Gonzalo Rubalcalba, Brad Mehldau, Steffano Bollani, Tigran Hamasyan ... ».

 

     Tout est ainsi presque dit des influences principales qui ont forgé un jeu clair et précis, doublé d'un sens aigu de la dramaturgie tant, avec le carioca, les mélodies sont toujours "orchestrées" ; et Eduardo de préciser par ailleurs : "il faut savoir bousculer les codes avec tact ..." - ce qu'il fait notamment ici sur "Vera Cruz" et "Amazonas", deux "standards brésiliens" qui ne perdent rien de leur respiration originelle.

 

     ... Un grand talent en devenir !

 

Francis Capeau

 

 

 

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29 mars 2024 5 29 /03 /mars /2024 08:25

La saxophoniste (et flûtiste) est à l’affiche de deux parutions phonographiques : le premier disque du quartette Big Fish, et le second du groupe Prospectus

BIG FISH

Julien Soro (saxophones ténor et soprano), Léa Ciechelski (saxophone alto), Gabriel Midon (contrebasse), Ariel Tessier (batterie)

Pégazz & l’Hélicon / Inouïe distribution

Big Fish conjugue le trio ‘Dancing Birds’ et la présence de Léa Ciechelski, le tout revendiqué comme ‘une plongée dans l’imaginaire des eaux et des airs’. Les membres du groupe signent un répertoire où se mêlent les volutes de phrases qui se superposent, se répondent, s’observent ou se révoltent, dans une vibrante pulsation ; et aussi des langueurs presque processionnelles, des phrasés lyriques et sinueux qui nous entraînent hors de ce que nous avions cru subodorer. Liberté des improvisations, force de l’expression : on est bien en un territoire d’aventure tel que le jazz d’aujourd’hui le suscite, l’ose et le revendique. Musicalement riche et vivant, et puisant à de multiples sources, ce disque, et ce groupe, nous rappellent que le jazz est toujours un art vivant. Bien vivant.

Big Fish est en concert à Paris, au Sunset, le 2 avril 2024

PROSPECTUS «Météorie» 

Henri Peyrous (saxophone soprano, clarinettes), Léa Ciechelski (saxophone alto, flûtes), Julien Ducoin (contrebasse), Florentin Hay (batterie)

La Villa Beaulieu / Inouïe distribution

Avec Prospectus le disque commence différemment : dialogues entrecroisés de saxophones sur des fondations rythmiques qui mêlent l’effervescence volubile et une sorte d’ostinato qui pousse et entraîne l’inexorable marche des saxophones. Et bien vite les libertés individuelles s’expriment, sans que jamais le collectif ne rende les armes. Ici aussi les thèmes s’engagent dans des arcanes, mais sans que jamais le fil de l’expression ne s’égare. Liberté des solistes, liberté des sources d’inspiration (là je pense à Ornette, ailleurs aux intervalles étirés, distendus, de certains thèmes de Bartók sur tempo lent). Liberté des langages requis, sollicités ou inventés dans l’effervescence de l’instant : ce disque, comme le précédent, me confirme qu’il se passe encore de très belles choses dans la musique que nous aimons.

Xavier Prévost

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Prospectus sera en concert le 11 mai à Coutances pour Jazz sous les pommiers, le 13 à Tours au Petit Faucheux, et le 15 à Nantes au Pannonica

 

 

 

 

 

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20 mars 2024 3 20 /03 /mars /2024 10:02
CORNELIA NILSSON    WHERE DO YOU GO?

CORNELIA NILSSON

WHERE DO YOU GO?

AARON PARKS/ DANIEL FRANCK/ GABOR BOLLA

Stunt records

 

Cornelia Nilsson ou the Girl from the North Country Side. Rien à voir avec Dylan mais il n’est pas anodin que cette jazzwoman née à Lund en 1992 soit suédoise. Après avoir fait ses classes sur la scène suédoise et chance suprême accompagné Kenny Barron ou Ron Carter, elle a jugé bon de se lancer avec un premier album en leadeuse où elle s’inscrit dans la tradition bien comprise et respectée des Scandinaves. Un vrai disque de jazz comme on les aime. Rien à voir donc avec les orientations d’une Anne Paceo en France, même si toutes deux manifestent un réel talent et une énergie à toute épreuve. C’est qu’il en faut pour décider de se lancer, faisant entendre ses propres compositions ( “The Wanderer”) qui ne déparent pas avec des reprises fameuses de Monk (“Ugly beauty”) de Bud Powell (“John’s Abbey”) ou l’éternel “East of the Sun and West of the Moon” de Brooks Bowman. Pour se frotter aux géants, il faut de l’assurance et une confiance certaine en son équipage : à vrai dire Cornelia Nilsson a fait appel à deux attelages dissemblables qui confèrent à son Where do you go? (titre éponyme du standard d' Alec Wilder et Arnold Sundgaard qu’interpréta aussi Sinatra) tout son sens!

Un seul album qui, en un montage raffiné de deux styles de jazz témoigne de l’adaptabilité, de la plasticité de jeu de la jeune batteuse. En compagnie du contrebassiste danois Daniel Franck, elle forme une rythmique aux petits oignons pour servir le pianiste américain Aaron Parks et le saxophoniste ténor hongrois Gabor Bolla.

Enregistré en deux sessions différentes, d’abord avec un trio qu’elle pratique volontiers- tous trois vivent dans la capitale danoise, pour quatre compositions, puis en réussissant à donner une autre vision spatialisée de sa musique en choisissant l’Américain  sur six titres. Il en résulte des contrastes saisissants et plaisants : du jazz toujours, avec un pianiste de l’épure, subtilement sentimental sur les ballades, poignant sur un double hommage en somme ( sa composition “For Father” qu’elle couple avec un saisissant “Dirge for Europe” emprunté au grand pianiste compositeur (de musiques de films) polonais Krystof Komeda disparu trop tôt) et un saxophoniste plus torturé, plutôt free qui arrache tout au passage sur “The Sphinx” d’Ornette Coleman ou d’une ardeur inquiétante sur “Saturn’s Return”. Profondément ancrée dans la tradition- elle ne dédaigne pas le tempo bop rebondissant (sur le standard de Monk) qu’elle contribue à installer aux baguettes comme aux balais, jouant des toms plus encore que des cymbales. Elle n’en est pas moins actuelle et charnelle, sachant montrer sa fougue en accompagnement comme lors de quelques échappées fort réussies. Une musicienne à suivre absolument.


 

Sophie Chambon

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